La différence entre le système éducatif anglophone et francophone

Les comparaisons entre systèmes éducatifs ne sont pas aisées, même si on se limite aux systèmes éducatifs qui scolarisent leurs élèves en français. Ces systèmes, qui ont été évoqués jusqu’ici, ne sont en effet pas identiques quant à l’organisation de leur enseignement et à l’utilisation du français dans le contexte scolaire.
Le Luxembourg enseigne à tous les élèves dans trois langues différentes (français, allemand et luxembourgeois), dans des proportions variables, selon le niveau d’enseigne – ment et les matières enseignées (Martin, Dierendonck, Meyers et Noesen, 2008)18. La France offre un système uniquement en français. La Belgique connaît en fait trois sys – tèmes éducatifs, organisés de manière autonome, dans une seule langue (en dehors des possibilités d’immersion linguistique), sur des territoires parfois distincts, parfois identiques, comme à Bruxelles.
Cette situation existe aussi au Canada, à travers ses différentes provinces (Churchill, 2003). La Suisse applique un principe de territorialité qui fixe la langue d’enseignement par commune lorsque le canton est plurilingue (à l’exception de Berne, la capitale fédérale).
Si l’on élargit l’étude à l’ensemble des pays qui s’identifient comme francophones, à l’intérieur de l’OIF, il devient très complexe d’effectuer des analyses robustes, d’autant qu’une majorité de pays ayant effectivement en usage le français au sein de leurs établissements scolaires, en particulier les pays francophones d’Afrique subsaharienne, ne participent pas (encore) au PISA, pour des raisons essentiellement financières.

Une analyse plus poussée serait donc bienvenue de manière à mieux apprécier, par exemple, la place qui est faite aux élèves dont le français n’est pas la langue maternelle, notamment en matière de renforcement, ou les disparités qui peuvent exister entre les différents groupes linguistiques non francophones dans chaque système. Cette analyse serait avantageusement enrichie par la prise en compte de certains pays d’Afrique où le français est langue d’enseignement uniquement, que celui-ci soit introduit de manière très précoce ou plus tardive, après une première étape en langue(s) nationale(s). Pour réaliser ce type d’étude, il faudrait pouvoir mettre en rapport les résultats obtenus au PASEC et au PISA, ce qui est aujourd’hui encore impossible, en raison des méthodes et des objectifs très différents de ces deux études à large échelle.